Istanbul : les cendres franco-arméniennes de Galatasaray
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le bâtiment emblématique de l'Université Galatasaray à Istanbul – qui est liée à l’université Paris I par un partenariat qui a fêté ses vingt ans en 2012 - vient de brûler. La structure en bois d'époque ottomane a été tellement endommagée par les flammes et l'eau qu'il sera impossible de restaurer ce magnifique monument tel qu'il était. Pour ceux qui l'ignoraient – et parce que ce n’est pas mentionné dans l’article du Hurriyet Daily News que le Collectif VAN a traduit ci-dessous - ce joyau était l'œuvre de l'architecte arménien Sarkis Balyan. Souhaitons que toutes les merveilles dont les architectes arméniens ont paré Istanbul - qui s’appelait encore Constantinople - ne subissent pas le même sort. Car la Perle du Bosphore perdrait alors grandement sa beauté et sa spécificité (voir le lien ICI qui mène à la liste des bâtiments construits par les architectes de la famille Balyan). Comme l’avait écrit en 2007 Mehmet Altan dans le journal turc Star, « Sans la famille Balyan, Istanbul serait tout petit. » Mais ça, rares sont les guides touristiques qui le disent.
Nous nous étions interrogés à l’époque : « La Turquie de 2007 continue à s’enfermer dans le déni et dans la destruction des traces de la civilisation arménienne sur les territoires historiques arméniens : va-t-elle aussi détruire (entre autres) le Lycée Galatasaray, le Palais de Besiktas, la Mosquée Valide ? » Une prise électrique défaillante serait donc venue apporter une première réponse à cette question.
Pour être justes, mentionnons quand même que - depuis 2007 - le gouvernement turc professe une "empathie" envers l’héritage architectural et religieux arménien, et a financé (ou du moins, autorisé, dans sa grande mansuétude), la rénovation de quelques églises laissées à l’abandon depuis que les Arméniens ont été effacés de leurs territoires historiques en 1915. Le bénéfice est double : en termes d’image pour une Turquie qui frappe à la porte de l’Europe. Et de façon plus prosaïque, en retombées économiques, avec l’essor d’un tourisme « post-génocidaire » d’une diaspora arménienne désireuse de faire des pèlerinages sur les terres où elle a ses racines.
En matière de rénovation, il est sûrement trop tard pour l’essentiel du patrimoine arménien :
2000 églises médiévales arméniennes, des monastères et des centaines de cimetières avec des pierres-croix ciselées (Khatchkar) parsemaient les terres arméniennes d’Anatolie. Tremblements de terre, mais surtout destructions systématiques par l’Etat et les populations locales, auront eu raison de cet héritage de l’histoire du monde.
Depuis l’incendie de la nuit dernière, la rumeur court à Istanbul : "Le gouvernement turc convoite le terrain de Galatasaray pour construire un complexe hôtelier de luxe au bord de l’eau". Il faut dire que l'ensemble vaut de l'or : le terrain englobe aussi la Résidence au bord du Bosphore pour les Professeurs "invités" de l'Université d'Istanbul, dont le bâtiment principal est construit par le même Sarkis Balyan (à côté de l'imposant Hôpital de Baltalimani construit par la même famille)"... Souhaitons que ces rumeurs ne soient que... des rumeurs.
Lire la suite sur le site du Collectif VAN (Vigilance Arménienne contre le Négationnisme)
Istanbul : les cendres franco-arméniennes de Galatasaray