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lundi, mai 13, 2013

Turquie/Le procès KCK : Les journalistes restent en prison

Info Collectif VAN - www.collectifvan.org – Le Collectif VAN vous présente cette information publiée sur susam-sokak, le blog d’Etienne Copeaux le jeudi 2 mai 2013.


Légende photo: Zeynep Kuray. Photo publiée par Yesilgazete.org, 27 avril 2013

susam-sokak

Jeudi 2 mai 2013

Le procès des journalistes est en porte-à-faux avec le processus de paix

D'après Elif Akgül, 26 avril 2013

http://www.bianet.org/bianet/toplum/146173-kck-den-sadece-iki-gazeteci-serbest
http://www.bianet.org/bianet/toplum/146165-kanar-yargi-barisa-direnmemeli

On attendait de nombreuses libérations à l'occasion de l'audience du « procès KCK » qui s'est tenue à Silivri à partir du 24 avril. Mais deux journalistes seulement ont été élargis : Zeynep Kuray, du quotidien Birgün, et Sadık Topaloglu, de l'agence de presse Dicle Haber Ajansı (DIHA). Ainsi 24 journalistes restent en prison. Ils ont été arrêtés au cours d'une vaste rafle en décembre 2011.
A part ces deux libérations, l'audience du procès KCK de Silivri s'est terminée sans qu'aucune décision n'ait été prise ; la prochaine audience se tiendra du 17 au 19 juin.

Les avocats avaient évidemment plaidé l'acquittement pour l'ensemble des accusés. Il sont souligné le caractère haineux de l'acte d'accusation, l'absence de délit constitué et ont répété que le seul reproche qu'on faisait à leurs clients était leur profession de journaliste.

Lors de sa plaidoirie, l'avocat Epözdemir s'est référé à l'événement de la veille, la conférence de presse de Murat Karayılan à Kandil : le chef militaire du PKK avait annoncé le retrait prochain des unités du PKK du territoire turc. « Il y avait là des dizaines de journalistes », a rappelé l'avocat. « Les accusés qui sont emprisonnés ont rapporté le même genre de nouvelle, pourquoi sont-ils en prison ? »
L'avocat Ercan Kanar a plaidé sur le même thème : « Nous entrons dans un processus de paix positif [les négociations entre le PKK et l'Etat] qui se substitue à un processus négatif [la guerre totale au sud-est]. Il est très important que les armes se taisent, mais il faut renforcer le processus de paix et il ne faudrait pas que ce procès aille à l'encontre du processus ».

L'avocate Eren Keskin, qui est par ailleurs une militante des droits humains, a elle aussi reproché aux juges de se placer en total porte-à-faux par rapport au processus de paix : « Actuellement, les nouvelles que [les accusés] diffusaient sont maintenant dans tous les médias, largement diffusées. Cela signifie qu'ils avaient bien fait leur travail ! Cela fera bientôt deux ans que vous les détenez comme des otages : pourquoi maintenir maintenant cette injustice à leur encontre ? Vous ne pouvez pas prétendre que ce procès est indépendant de l'évolution générale de la question kurde ! »

L'avocat Ramazan Tuncel s'est appuyé sur les témoignages de journaliste bien connus comme Nadire Mater [agence Bianet et auteure d'un célèbre ouvrage, Mehmetçik Kitabı, sur les soldats de l'armée turque], Oral Çalıslar [rédacteur en chef du quotidien Taraf] et Ragıp Duran [journaliste à Libération] pour expliquer aux juges en quoi consiste le travail de journaliste...

Pour conclure les plaidoiries, l'avocat Sinan Zincir a déclaré que le processus de paix qui est en cours ne nécessite pas le maintien en détention des accusés, et a réclamé leur libération immédiate.
A la fin de l'audience le procureur Ismail Isik a lu ses considérations.
Pour commencer, tous les accusés doivent rester en prison.

Puis, il a annoncé son intention de demander l'inculpation de plusieurs témoins et avocats en raison de propos tenus au cours de l'audience.
Ainsi, le 24 avril, l'avocat Ertus Bozkurt s’exprimant au nom de tous ses confrères avait déclaré qu'ils « partageaient la douleur des Arméniens » en ce jour du 98e anniversaire du génocide. « Evoquer le prétendu génocide est la plus grande calomnie qu'on puisse imputer à notre nation », a déclaré le procureur ;

Le procureur Isık a également reproché aux avocats d'utiliser des termes comme « le prétendu acte d'accusation », d'avoir qualifié celui-ci d' « acte de haine » (nefretname) « rédigé dans un esprit de guerre » et qui « exprime un dessein de vengeance ». Les avocats qui ont employé ces expressions seront inculpés.
Il a enfin rétorqué aux avocats qu'on ne reproche pas aux accusés d'être des journalistes, mais des membres d'une organisation armée.
Après une dernière pause, le tribunal a toutefois annoncé la libération de Zeynep Kuray et de Sadık Topaloglu.

La prochaine audience se tiendra à partir du 17 juin.

Par Elif Akgül, Etienne Copeaux

http://www.susam-sokak.fr/article-le-proces-des-journalistes-est-en-porte-a-faux-avec-le-processus-de-paix-117515656.html