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mercredi, mai 29, 2013

Ugur Umit Ungor révèle les huit phases du Génocide de 1915-1923

Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous invite à lire la traduction de Gilbert Béguian d'un article en anglais de Appo Jabarian publié sur le site USA Armenian Life Magazine, mise en ligne sur le site Nouvelles d'Arménie Magazine le 28 mai 2013.

NAM

Le Professeur turc révèle les secrets criminels et décrit les huit phases du génocide arménien

Par Appo Jabarian

Responsable de l’Édition/ Directeur de la Rédaction

USA Armenian Life Magazine

15 mars 2013

Ankara est au travail, intensivement, pour endiguer la vague de reconnaissance nationale et internationale du Génocide arménien. Mais cela suffira-t-il ?
Récemment, un document turc accablant a été diffusé sur Youtube.com, révélant les huit phases du Génocide de 1915-1923.

Le professeur Ugur Umit Ungor, maître de conférence au Département d’Histoire à l’Université d’Utrecht et à l’Institut de la Guerre, de l’Holocauste et des Études sur le Génocide d’Amsterdam, a révélé, sur la base de documents turcs, la conception et la mise en œuvre par le gouvernement turc, de programmes massifs de déportation, de saisie de leurs biens, et d’annihilation des Arméniens vivant alors sous le joug turc.

J’ai personnellement regardé ce document une demi-douzaine de fois. Dans ce document, le professeur Ungor met clairement en avant les documents accablants du plan secret de la Turquie pour exterminer les Arméniens et pour les déposséder de leurs biens immobiliers et de leurs biens meubles ainsi que de leurs terres ancestrales de l’Arménie de l’Ouest.
Le professeur Ungor, auteur de Confiscation and Destruction : The Young Turk Seizure of Armenian Property (Continuum, 2011) [Confiscation et destruction : la saisie jeune turque des biens arméniens (éditions Continuum, 2011)] et du livre primé The Making of Modern Turkey : Nation and State in Eastern Anatolia, 1913-1950 (Oxford University Press, 2011) [La Formation de la Turquie Moderne : Nation et État en Anatolie de l’Est 1913-1950 (éditions Oxford University Press, 2011], a montré “ comment l’Arménie de l’Ouest est devenue une partie de l’état nation turc. Et il a continué en illustrant la façon dont s’est effectuée “ la confiscation de la propriété des Arméniens “. Il a souligné le fait que “ ce processus n’a pas vraiment été étudié “.
Il en a observé les différences avec d’autres massacres et génocides, “ comme l’Holocauste, le génocide en Bosnie et celui du Rwanda “.

Il a continué : “ Le Génocide n’a pas été un processus unique. Il n’a pas consisté seulement en des déportations ; pas seulement en des massacres. Il a été tout un ensemble de politiques de destruction ; j’en dégage huit au minimum.

Je vais continuer ensuite pour discuter quelques unes des lois telles que la confiscation, l’expropriation, et je voudrais finalement donner l’exemple d’une activité arménienne qui a été expropriée par le gouvernement Jeune Turc... Dans plusieurs cas (les processus), se chevauchant les uns sur les autres... se sont enchaînés les uns aux autres, et ont été combinées pour aboutir au processus de destruction recherché “.
Il a poursuivi ensuite en donnant la liste des huit phases du Génocide arménien.

1) Exclusion de tous les fonctionnaires servant dans l’Empire ottoman. “ Dès le début de l’hiver 1914, Talaat Pacha a chassé les serviteurs civils de l’Empire ottoman, en commençant par les policiers, les fonctionnaires de l’état, les pompiers, les enseignants - du primaire comme du secondaire. Tous les Arméniens ont été chassés de la bureaucratie turque “ a relevé le professeur Ungor.

2) Décapitation “ Talaat et compagnie ont ensuite entrepris la deuxième phase du processus consistant en une décapitation, et cela a été bien sûr les infâmes arrestations du 24 avril 1915, qui ont ouvert la voie à Constantinople, à la décapitation totale de l’élite arménienne, et qui s’est reproduite dans les provinces “ a-t-il dit.
Il a poursuivi : “ Je tiens à dire deux choses dont je pense qu’elles sont extrêmement importantes ; d’abord que tout cela a été systématique à l’extrême ; il y avait des listes des hommes qu’il fallait arrêter et exécuter, et bien sûr, ces listes ont été par la suite retournées à Constantinople pour être corroborées. Deuxièmement, ce processus s’est déroulé extrêmement vite. Le temps passe particulièrement vite dans le Génocide arménien. En quelques semaines, l’ensemble de l’élite de la communauté arménienne de l’Empire - intelligentsia culturelle ; intelligentsia économique ; intelligentsia religieuse ont été détruites “.
Il a ensuite montré deux photographies, la première de Krikor Zohrab, un écrivain de renom, membre Arménien ottoman du Parlement ottoman établi à Constantinople, la seconde de Mikael Khatchatourian, Évêque de Malatya.
Il a ensuite marqué le contraste entre les deux hommes : “ Il a été intéressant d’étudier la biographie de chacune des deux personnalités.- Krikor Zohrab, très critique envers l’église et très libéral, et l’Évêque Khatchatourian, très pieux, très spirituel et habité par une très fervente foi chrétienne. Ils ont été arrêtés tous les deux. Ils ont été assassinés tous les deux. Je pense que cela est tout à fait important - deux individualités très différentes, n’ayant aucun point commun, excepté celui d’être tous deux Arméniens. Et c’est cela, l’essence du génocide - réduire les gens à leur identité ethnique “.

3) “ La troisième phase a été décrétée par les déportations. Le 23 mai, un mois exactement après les arrestations massives de l’élite, Talaat Pacha a donné l’ordre de déportation des Arméniens, dans leur totalité, vers les déserts de Syrie de Deir-ez-Zor. Et cela est aussi important parce que cet ordre a été publié et que nous avons retrouvé le document original dans les archives ottomanes par lequel cet ordre a été donné, et qui est en lui-même un ordre génocidaire pour la déportation totale de la population civile dans le désert “, a-t-il souligné.

4) “ La quatrième phase a été le processus de dépossession. Entre mai et novembre 1915, Talaat Pacha a pris quatre décrets présentés comme des lois - et bien sûr, cela n’avait rien à voir avec la loi. Pour qu’une loi en soit une vraiment, il faut que soit suivi un processus dans les formes légales ; un processus conforme à la séparation des pouvoirs. Ce n’était pas le cas dans la mesure où il s’agissait en fait d’une dictature. Il a commencé par un ordre de déportation et l’ordre initial qui concernait la déportation de tous les Arméniens comportait une disposition selon laquelle les Arméniens pouvaient prendre avec eux tout ce qu’ils désiraient. “ ainsi vous avez une maison, un terrain à vendre. Vous avez le droit de prendre l’argent avec vous et pourrez ensuite aller dans le Deir-ez-Zor où vous serez réinstallés “. Cela pouvait paraître attractif. Mais ensuite, évidemment les nouveaux décrets sont revenus sur cette politique. En juin 1915, le gouvernement créa les Commissions Des Biens Abandonnés et celles-ci étaient en fait des organisations conçues pour s’approprier l’économie arménienne. En une seule décision, toutes les propriétés étaient officiellement cédées ou transférées au gouvernement. C’est ainsi que cette décision a été prise avant qu’il soit nécessaire de la parfaire par d’autres décisions. Par l’une d’entre elles, en septembre 1915, la mise en œuvre de ce plan énorme fut déléguée à trois ministères- le Ministère de l’Intérieur, le Ministère des Finances, le Ministère de la Justice, parce qu’on en découvrit l’étendue. Et qui sera chargé de l’organiser ? Ces trois ministères ! Et naturellement, un enregistrement des ces propriétés fut organisé dans chacun d’entre eux, et ces trois ministères correspondaient les uns avec les autres. Et nous avons ces correspondances. Elles se trouvent dans les archives ottomanes d’Istanbul. Je les ai étudiées extensivement “, a-t-il affirmé.

5) “ La cinquième phase a été le massacre. Depuis l’été de 1915 et par la suite, les unités spéciales ont commencé les assassinats de civils arméniens à travers l’Empire. Nous n’avions jusqu’à présent que peu d’informations sur les hommes de l’organisation “ Tashkilat al Mahsusa “. Quel genre d’organisation était-ce ? Comment fut-elle mise sur pieds ? Voici un document que j’ai découvert - une photo qui se trouvait dans les archives du Gouvernement ottoman. Il était intéressant de voir que tous portaient le même uniforme, En outre, et c’est encore plus important, ils se tenaient debout devant le Ministère de la guerre à Constantinople. Il sera dès lors impossible au gouvernement de dire qu’il n’avait rien à voir avec tout cela - avec la sauvagerie des “ chétés “ (bandits armés par les Turcs), posant pour des photos devant le ministère de la guerre. L’immeuble existe encore. Il est à présent converti en un musée militaire à Istanbul. Et la liste est encore longue “, a-t-il ajouté.

6) “ La sixième phase du Génocide a été l’assimilation forcée. L’absorption des femmes et des enfants dans les foyers turcs. Cela est tout aussi important dans le processus génocidaire parce que c’est une atteinte à l’identité culturelle de personnes. En faisant en sorte que les gens ne puissent se reproduire ; qu’ils ne puissent perpétuer leur identité. C’est une atteinte à l’idée abstraite de culture empreinte dans ces personnes. C’est cela l’essence de ce qu’est un génocide. Les hommes ont été séparés des femmes. Les enfants ont été séparés de leurs parents, brisant les liens les plus essentiels des êtres humains “, a-t-il noté en outre.

7) “ Nous avons alors la septième phase du Génocide - le crime de famine. Commencée en 1916 sur ceux des Arméniens qui étaient conduits forcés à Deir-ez-Zor et poussés dazns des zones de fmine artificiellement créées. Les gens étaient mis dans des régions où les soldats turcs interdisaient que du pain parvienne aux victimes. Et cela est extrêmement important. Vous pouvez reconnaître ce qui constitue un fait génocidaire. Les personnes turques qui vivaient à Deir-ez-Zor recevaient du pain. Il était interdit aux Arméniens d’acheter du pain. Pourquoi faisait-on cela ? Il n’y a évidemment aucune question sur les intention derrière cette politique. Et je n’ai encore pas terminé “ a-t-il ajouté.

8) “ La phase finale du génocide est l’attaque sur la culture matérielle et l’architecture. À partir de 1915, fut mise en application une politique qui dura une bonne partie des années 1920, une politique continue de destruction des églises et des monastères par le gouvernement turc. En voici un seul exemple : le Monastère Sourp Hovhannès d’Alashkert ( il en a montré une photographie où l’église d’Alashkert est visible sur la gauche et aussi une photo prise récemment au même endroit montrant une église détruite, en disant : “ Et ce qui reste du monastère, ce sont uniquement ses fondations. Et vous pouvez voir clairement qu’il s’agit bien du même emplacement. Quelques uns de mes étudiants m’ont demandé comment je pouvais être sûr qu’il s’agit du même endroit. Je leur ai répondu que j’allais leur montrer : ces traînées noires dans la montagne (à l’arrière-plan de l’église), ce sont les fondations du monastère “, commenta-t-il.

Parlant globalement des huit phase du processus, il a dit : “ Dans leur ensemble et uniquement dans leur ensemble, elles constituent un processus de destruction. Vers la fin de la guerre il y avait quelques 2 900 localités qui avaient été dépeuplées d’à peu près un million d’Arméniens parce qu’ils étaient morts. J’aimerai passer sur la politique de dépossession. Ces huit phases doivent être étudiées et elle le sont dans les détails “.

Je dois reconnaître que cet article n’est en aucune façon un rapport adéquat du travail monumental fait par le professeur Ungor. Voir la vidéo sur Youtube.com avec le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=y6_InAhUmmM
La présentation est en anglais et sous-titrée en turc. Partagez avec vos amis s’il vous plaît.
Il faut lire plus avant l’œuvre du professeur Ungor si l’on veut saisir l’importance de ses révélations.
Comme des membres bien informés de la nouvelle génération turque émergent, les négationnistes turcs voient le mur du silence s’écrouler autour d’eux.

mardi 28 mai 2013,
Stéphane ©armenews.com

Taduction Gilbert Béguian

Titre original :
Turkish Professor Unmasks Turkey’s Criminal Secrets, Outlines the Eight Phases of the Armenian Genocide

http://www.armenews.com/article.php3?id_article=90016