1915 : la Turquie, ses héros, ses assassins

Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - « Tout peuple a ses propres héros. Lorsque nous essayons de ressembler à ces héros, nous devenons des hommes qui désirent l’ordre dans lequel nous sommes. J’ai récemment étudié un héros qui n’était pas un dictateur. Ce héros ne ressemble pas aux autres. Et nous, le peuple de Turquie, nous ne le connaissons pas, car le connaître requiert de passer par un processus inhabituel tant cognitif que spirituel, une confrontation énorme, et des remords. » Orhan Kemal Cengiz, l’auteur de ces lignes est l’avocat des familles des trois missionnaires protestants, sauvagement tués en avril 2007 à Malatya, dans l'est de la Turquie. S’il s’élève régulièrement contre les résolutions et lois reconnaissant le génocide arménien au niveau international, au prétexte que ces démarches auraient pour effet d’activer le nationalisme turc, Orhan Kemal Cengiz suggère dans le même temps à la société turque de se confronter à son passé. Il est temps que la mémoire des héros anonymes (souvent des Turcs et des Kurdes alevis) ne soit plus seulement portée par les Arméniens : les citoyens turcs d’aujourd’hui se doivent de leur rendre hommage et d’abandonner leur posture négationniste, par laquelle ils se rangent de facto du côté des génocidaires…

Orhan Kemal Cengiz signe justement ici un texte dans lequel il revient sur les courageux Turcs qui ont osé, en 1915, contrevenir aux ordres visant à la déportation des Arméniens. Il conclut : « Après tant d’années, nous avons fait quelques progrès dans la confrontation au passé, mais il reste un long chemin à parcourir. Je pense que ces héros nous guideront dans ce voyage. » Effectivement. Puissent ces héros l’aider à franchir un certain nombre d’obstacles qui l’empêchent de qualifier de « génocide », la « tragédie » de 1915. Malheureusement, cet humaniste est aussi un ardent défenseur des fameuses « commissions d’historiens » que la Turquie appelle de ses vœux pour repousser sine die toute reconnaissance du génocide arménien de 1915. Eh oui, en Turquie, plus qu’ailleurs, rien n’est noir ou blanc…

Le Collectif VAN vous propose la traduction d’un article en anglais de Orhan Kemal Cengiz paru sur le site du journal turc Today’s Zaman le 1er novembre 2012. La version originale en turc a été publiée le 2 décembre 2011 sur Radikal.


Today's Zaman

ORHAN KEMAL CENGİZ
o.cengiz@todayszaman.com

1915 : héros et assassins

Jeudi 1er novembre 2012

« Les héros sont des dictateurs. » Cela fait longtemps que j’ai lu pour la première fois le livre Cehenneme Övgü, Gündelik Hayatta Totalitarizm (Prisonniers de nous-mêmes : le totalitarisme dans la vie quotidienne) de Gündüz Vassaf, mais je me souviens toujours de cette phrase qu’il contenait. À chaque fois que j’entends le mot « héros », je ne peux m’empêcher d’y accoler celui de « dictateur ».

Vassaf raconte comment nous échappons à la liberté via les héros et comment nous recréons l’ordre, encore et toujours. Les héros nous sont présentés comme des hommes de sacrifice qui font preuve de courage et non de faiblesse humaine. Ce sont des leaders, des militaires, des religieux, des révolutionnaires, des combattants de la liberté et autres.


Lire la suite sur le site du Collectif VAN (Vigilance Arménienne contre le Négationnisme)

1915 : la Turquie, ses héros, ses assassins