Turquie : interpellations d’acteurs de l’information
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous propose cette information publiée sur le site des Reporters sans frontières le 6 juin 2013.
Reporters sans frontières
Turquie
« Occupy Gezi » : Vague d’interpellations d’acteurs de l’information
Publié le jeudi 6 juin 2013.
Reporters sans frontières est vivement préoccupée par le nombre croissant d’acteurs de l’information interpellés en marge du mouvement de protestation antigouvernementale qui secoue actuellement la Turquie.
« Les interpellations d’acteurs de l’information qui se succèdent à travers le pays suscitent notre profonde inquiétude. Nous appelons instamment les autorités à faire preuve de retenue et à cesser de recourir à de telles mesures, si disproportionnées qu’elles s’apparentent à une manœuvre d’intimidation. L’exercice des libertés d’information et de rassemblement ne saurait être criminalisé », a rappelé l’organisation.
Trentre-quatre cyberactivistes interpellés
Au moins trente-quatre jeunes utilisateurs de Twitter ont été interpellés à Izmir dans la nuit du 4 au 5 juin. Ils sont accusés d’« incitation à commettre un crime » (article 214 du code pénal) et d’« incitation à désobéir aux lois » (article 217). Tous, sauf un, ont été progressivement relâchés dans la soirée du 5 juin. Reporters sans frontières demande des explications urgentes quant au sort de celui qui reste en garde à vue.
Les suspects, impliqués dans le mouvement de protestation antigouvernementale, avaient posté sur Twitter les numéros de téléphone des médecins volontaires et des avocats qui portent assistance aux manifestants. D’après Imdat Atas, avocat de certains des cyberactivistes interpellés, ses clients sont accusés d’avoir échangé des informations liées aux interventions policières. D’après lui, ils avaient également posté une photographie montrant des policiers en train de traîner par les cheveux une jeune fille dans le quartier Kordon d’Izmir. « Nous n’avons rien noté qui puisse constituer un délit. La plupart des accusés ne se connaissent même pas. Il n’y a rien de sérieux dans leur dossier. Nous estimons que [leur arrestation est une conséquence] des déclarations du Premier ministre au sujet de Twitter », a-t-il déclaré.
Parmi les contenus incriminés, figurent les Tweets suivants : « Voici les codes Wi-fi à utiliser lors de la manif », « On se rassemble sur la place Gündogdu à 19h30 », « Il y a des flics sur la place Lausanne et l’avenue des Martyrs de Chypre », « Ils ont lancé du gaz lacrymogène, n’y allez pas », « Les TOMA [véhicules anti-émeutes] y sont ; ils projettent du gaz. Ils frappent avec des bâtons. »
Deux journalistes d’Ulusal Kanal interpellés
Mustafa Kaya, correspondant de la chaîne nationaliste Ulusal Kanal (Chaîne nationale), et son cameraman Serkan Bayraktar, ont été interpellés à Ankara le 5 juin. Ils retransmettaient en direct la dispersion d’un rassemblement par les forces de l’ordre, quand des policiers en civil sont intervenus pour les empêcher d’émettre et saisir leur matériel. Des manifestants se sont interposés, puis les deux journalistes ont été interpellés. Selon le Syndicat des journalistes de Turquie (TGS), ils ont été déférés à la section antiterroriste de la direction de la sécurité d’Ankara. Ils ont été remis en liberté en fin de journée.
Une étudiante française risque l’expulsion
Lorraine Klein, étudiante française en journalisme et communication, en échange Erasmus à l’université de Galatasaray (Istanbul), a été brutalement interpellée dans la nuit du 3 au 4 juin, alors qu’elle effectuait un reportage sur les manifestations et photographiait des barricades dans le quartier de Beyoglu. Après une nuit en garde à vue et des passages à l’hôpital pour faire constater ses blessures, elle se trouve actuellement au centre de rétention de Kumkapi. Elle risque d’être expulsée et interdite de séjour en Turquie pendant cinq ans.
Les locaux de Sol saccagés par la police
Les locaux du quotidien Sol (Gauche), édité par le Parti communiste turc (TKP), ont été saccagés par les forces de l’ordre à Ankara, dans la nuit du 3 juin. La police a procédé à une descente dans le bâtiment, qui abrite également le siège du TKP et le Centre culturel Nazim Hikmet. La représentante à Ankara du journal, Hatice Ikinci, la reporter Fatos Kalaçay, ainsi que le directeur du site www.haber.sol.org.tr, Can Soyer, ont été brutalisés. La police aurait fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau à l’intérieur du bâtiment pendant dix minutes.
http://fr.rsf.org/turquie-occupy-gezi-vague-d-06-06-2013,44731.html
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