La Règle du Jeu : Danse du sabre, danse du ventre
Info Collectif VAN - collectifvan.blogspot.com – Le Collectif VAN vous invite à lire cet article de Ara Toranian publié sur le site de la Règle du Jeu le 14 février 2021.
La Règle du Jeu
14 février 2021
Danse du sabre, danse du ventre
par Ara Toranian
Erdogan se livre depuis trois mois à quelques gestes d’apaisement, purement de façade, avant de se lancer dans de nouvelles conquêtes. A-t-il raison de prendre les Occidentaux pour des pleutres amnésiques ?
Le nouveau Sultan a-t-il raison de prendre les Occidentaux pour des pleutres amnésiques ? Anticipant la défaite de Donald Trump et un éventuel refroidissement de ses relations avec l’administration américaine, bien qu’elle se soit toujours montrée bienveillante à son égard, la diplomatie turque se livre depuis la fin de l’année dernière à l’un de ses numéros les mieux rodés après la danse du sabre (dont elle vient d’assurer une brillante prestation au Haut-Karabakh) : la danse du ventre. But de cette énième opération de séduction : endormir les esprits et redorer son blason terni par ses agressions guerrières contre les Kurdes et les Arméniens, ses provocations en Méditerranée contre la Grèce et Chypre, son implication militaire en Libye, son prosélytisme islamiste en Afrique, ses liaisons dangereuses avec les djihadistes, son rapprochement avec Poutine, son chantage permanent envers l’Europe et la plongée autoritaire du régime Erdogan. Autant de provocations, dont certaines criminelles, qui à défaut d’avoir déclenché la moindre tempête ont engendré quelques timides questions sur la place de la Turquie dans l’OTAN et dans l’Europe. Parmi elles, celles du président français. Pas de quoi, certes, affoler Ankara. Mais le seuil d’alerte semble toutefois avoir été jugé suffisant pour l’inciter à prendre quelques précautions d’usage, surtout dans le contexte de l’arrivée d’une nouvelle équipe à Washington, réputée moins complaisante à son endroit.
C’est ainsi qu’Erdogan se livre depuis trois mois à quelques gestes d’apaisement, purement de façade, qui visent tout simplement à faire oublier ses turpitudes, probablement le temps de se reconstruire un semblant de virginité, avant de se lancer dans de nouvelles conquêtes. C’est ainsi qu’il a proposé le 12 janvier de « remettre sur les rails » les relations entre son pays et l’Union européenne. Tout en disant espérer que « nos amis européens montreront la même bonne volonté ». Car bien sûr « la bonne volonté » est toujours du côté turc et la mauvaise à Bruxelles.
Dans le même ordre d’idées, il n’a pas renoncé à amadouer Emmanuel Macron, qui s’était retrouvé bien seul pour demander des sanctions européennes envers la Turquie ces derniers mois. Après avoir remis en cause « sa santé mentale » en septembre, le Sultan lui a envoyé un nouvel ambassadeur en décembre, Ali Onaner, qui se présente comme un « copain d’école » du président de la République avec lequel il avait fait l’ENA en 2002-2004. Un premier geste, accompagné très vite d’un second : Erdogan a transmis « ses vœux de prompt rétablissement » à son homologue français contaminé par le Coronavirus, allant jusqu’à lui souhaiter, grand seigneur, un « joyeux Noël » et une « bonne année ». Ce qui a eu pour effet immédiat de déclencher une réponse manuscrite chaleureuse de l’intéressée commençant ainsi : « Cher Tayyip, parlons-nous ! À votre disposition pour une visioconférence ».
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Jeu :
https://laregledujeu.org/2021/02/14/36842/turquie-danse-du-sabre-danse-du-ventre/
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