Presse arménienne : Revue du 27 février au 1er mars 2021
Info Collectif VAN - collectifvan.blogspot.com - Le Collectif VAN vous présente cette Revue de Presse parue sur le site de l'Ambassade de France en Arménie le 2 mars 2021.
Ambassade de France en Arménie
Revue de la presse arménienne du 27 février au 1er mars 2021
Le Président n’a pas signé le licenciement du chef d'état-major : Pachinian lui a renvoyé le document pour signature et a convoqué un rassemblement sur la Place de la République/ La Présidence a déclaré samedi que le Président, Armen Sarkissian, dans le cadre de ses pouvoirs constitutionnels, a renvoyé au Premier ministre la décision relative à la révocation du chef d'état-major général des forces armées, Onik Gasparyan, avec ses objections. Selon la Présidence, le projet de décret a été étudié par des juristes et des experts, et il a été décidé qu'il était en contradiction avec la Constitution. Le Président a aussi tenu des consultations et des réunions sur cette question avec des représentants du gouvernement, des forces parlementaires et extra-parlementaires, et les plus hauts commandants des forces armées, y compris avec Gasparyan même. Le communiqué note que le Président ne se range du côté d'aucune force politique et qu’il a pris la décision en étant guidé uniquement par l'intérêt public et national. « Il ne fait aucun doute que les forces armées doivent rester neutres sur les questions politiques » dit la Présidence. Réagissant à cette décision, Nikol Pachinian a déclaré sur Facebook qu’il allait renvoyer le décret au Président, en espérant qu'il sera signé « Et ensuite [je ferai] - comme nous en avons convenu sur la place de la République [rassemblement du 25 février] ». La presse rappelle que le 25 février Pachinian avait déclaré « si le président ne signe pas [le licenciement de Gasparyan], cela signifie-t-il qu'il soutient le coup d'État ? Le choix est très simple » (cf. revue du 25 au 26 février 2021). Plus tard, lors d’une adresse en direct sur Facebook, Nikol Pachinian a déclaré que le refus d'Armen Sarkissian de signer le document ne contribuait pas à la stabilisation de la situation. Il a aussi qualifié de sans fondement les discussions selon lesquelles les autorités actuelles conduisent la société à de nouveaux affrontements et à un « nouveau 1er mars ». Pachinian a également invité ses partisans au rassemblement qui se tiendra le 1er mars à 18h30 sur la Place de la République. Selon lui, lors du rassemblement, il abordera le procès du 1er mars, ainsi que la « tentative de coup d'État militaire » et la « décision incompréhensible prise par le Président de la République ». « Je montrerai que la décision [du Président] est sans fondement, n'a aucun fondement légitime, et ce sera une conversation très importante dont on pourra tirer certaines conclusions » a déclaré Pachinian. Il a souligné qu’il abordera également l'activité du système judiciaire et du Conseil suprême de la magistrature. Pachinian a également promis d'aborder la question des événements du 1er mars 2008 en faisant un lien avec l'acte terroriste du 27 octobre 1999 au Parlement arménien. L’alliance de l’opposition a, à son tour, annoncé sa manifestation qui se tiendra le 1er mars à 18h00 devant le Parlement. Rappelons que le 1er mars, le pays commémore les victimes de la répression des manifestations post-électorales du 1er mars 2008, au cours desquels 10 personnes sont mortes. Nikol Pachinian était l'un des principaux orateurs lors des manifestations organisées par Levon Ter-Petrossian, le principal candidat à la présidence de l'opposition en 2008, et qui contestait le résultat des élections.
Le parti au pouvoir veut lancer une procédure de destitution contre le Président ?/ Vahagn Hovakimyan, député du parti au pouvoir a écrit sur Facebook qu'il y avait des raisons d'entamer une procédure de destitution contre le Président Armen Sarkissian. Selon lui, selon la Constitution, le Président peut être démis de ses fonctions pour une violation flagrante de la constitution. Le chef du parti d’opposition parlementaire, « Arménie lumineuse », Edmon Marukyan, a déclaré que si le parti au pouvoir entamait une procédure de destitution contre le Président du pays, ce serait le début de la fin pour les autorités. Selon lui, les autorités menacent ainsi Armen Sarkissian pour que ce dernier ne fasse pas appel à la Cour constitutionnelle concernant le licenciement du chef d’état-majeur. La presse note que pour destituer le Président, il faut le vote d'au moins deux tiers du nombre total de députés donc d'au moins 86 députés. Actuellement, le parti au pouvoir compte 83 députés, car après la guerre au Karabakh, cinq députés ont quitté le groupe.
Nouvelle réunion du groupe de travail trilatéral des vice-premier ministres/ Les vice-premiers ministres d'Arménie, de Russie et d'Azerbaïdjan ont tenu une nouvelle réunion le 27 février. « Les parties ont examiné les rapports des sous-groupes d'experts sur le transport ferroviaire, routier et combiné, ainsi que sur la sécurité des transports, y compris les contrôles de sécurité, frontaliers, douaniers, sanitaires, vétérinaires, phytosanitaires et autres. Il a été recommandé aux autorités compétentes de dresser un inventaire des traités internationaux conclus au sein de la CEI et des accords internationaux conclus avec des pays tiers concernant les transports susmentionnés » a déclaré Alexey Overchuk, vice-premier ministre de Russie. Selon Overchuk, la quatrième réunion entre les vice-premiers ministres aura lieu le 1er mars par vidéoconférence.
Réaction du MAE aux déclarations d’Aliyev/ Le Président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, a donné une conférence de presse où il a fait un certain nombre de déclarations sur le Karabakh. Selon lui, Bakou a remis à Erevan tous les prisonniers de guerre et la partie azerbaïdjanaise n'a que des « saboteurs ». « La question du statut du Karabakh doit être retirée de l'ordre du jour, le conflit du Karabakh est terminé, le Haut-Karabakh est une terre ancestrale de l'Azerbaïdjan, le peuple arménien vit dans une certaine partie de celui-ci et cela ne nous dérange pas » a aussi déclaré le Président azerbaïdjanais. La porte-parole du Ministère arménien des Affaires étrangères a régi a ces déclarations. Selon elle, le Président de l'Azerbaïdjan poursuit la politique d'arménophobie « Les mots « les Arméniens ne sont pas les ennemis de l'Azerbaïdjan » prononcés par le président Aliyev, qui a précédemment déclaré le peuple arménien comme ennemi numéro un de l'Azerbaïdjan, sont dissous par une rhétorique hostile envers le peuple arménien, ses institutions étatiques, l'armée, de sorte qu'ils ne peuvent être crédibles ». D’après la porte-parole, malgré les appels croissants de la communauté internationale pour la libération immédiate des prisonniers de guerre arménien, le Président de l'Azerbaïdjan justifie les violations des obligations internationales de son pays, y compris le droit international humanitaire « en fait en menaçant de nouveaux captifs ». « En outre, l'affirmation du président de l'Azerbaïdjan selon laquelle tous les prisonniers arméniens ont été rendus a été faite lorsque les autorités azerbaïdjanaises compétentes ont transmis aux organismes internationaux réputés des informations sur l'existence de prisonniers de guerre arméniens ». Elle a rappelé que la partie arminienne avait déclaré à plusieurs reprises que l'utilisation de la force par l'Azerbaïdjan avec le soutien de la Turquie ne pouvait pas être considérée comme une résolution du conflit. « Les déclarations des dirigeants azerbaïdjanais montrent que l'Azerbaïdjan n'est pas prêt à prendre des mesures pour la paix et la stabilité dans le Caucase du Sud, en outre, ses déclarations annulent toute possibilité d'instaurer la confiance ». Commentant la déclaration d’Aliyev sur le « corridor » qui traverse le territoire de l'Arménie, la porte-parole a réitéré que la déclaration trilatérale ne contenait aucune disposition sur l'établissement d'un corridor. « Toute route ou voie de communication passant par le territoire de l'Arménie est et reste exclusivement sous la juridiction de la souveraineté de l'Arménie ». Quant au retour des réfugiés, la porte-parole a déclaré qu’il était clair que les personnes déplacées lors de la récente guerre devaient revenir « Il s'agit des habitants de Hadrut, Shushi et d'autres colonies passées sous contrôle azerbaïdjanais. Pendant ce temps, les forces armées azerbaïdjanaises ne se contentent pas d'interdire le retour des personnes déplacées, mais tentent également de le rendre impossible en brûlant et en détruisant leurs colonies. Un tel comportement indique clairement que les dirigeants azerbaïdjanais tentent de dissimuler la tristement célèbre politique de nettoyage ethnique et d'annihilation des Arméniens du Karabakh en faisant des annonces sur la coexistence entre les Arméniens et les Azerbaïdjanais ».
Réaction de l’Ombudsman aux déclarations d’Aliyev/ L’Ombudsman arménien, Arman Tatoyan, a réagi à la déclaration du Président azerbaïdjanais sur le statut des militaires arméniens et des civils détenus. Tatoyan a souligné qu'ils sont tous considérés comme des prisonniers de guerre et a noté que tous les militaires se trouvaient au Karabakh pour accomplir leurs devoirs constitutionnels dans le cadre de leur service militaire obligatoire. D’après l’Ombudsman, son bureau a des preuves fiables qui confirment que le nombre de détenus est plus élevé que ce qu'ont confirmé les autorités azerbaïdjanaises. Tatoyan a souligné que le fait de poursuivre les prisonniers détenus en Azerbaïdjan, de les arrêter et, en outre, de leur donner le statut de « terroristes » ou de « saboteurs » constituait une violation flagrante du droit humanitaire international et des droits de l'homme. L’Ombudsman estime que l'urgence de la question de la libération des prisonniers doit également être considérée dans le contexte de la politique de haine contre les Arméniens menée en Azerbaïdjan, qui a été confirmée à plusieurs reprises par les rapports basés sur des preuves publiées par lui.
Serge Sarkissian a répondu à Aliyev sur la cession des territoires/ Le cabinet du troisième Président arménien, Serge Sarkissian, a réagi aux déclarations du Président azerbaïdjanais selon lesquelles Sarkissian lui aurait demandé deux semaines en 2016 pour « restituer les territoires occupés » et que Sarkissian « y aurait organisé un attentat terroriste pour gagner du temps ». Sarkissian a accusé Aliyev de mensonges « éhontés et irresponsables ». Sarkissian a déclaré que le leader azerbaïdjanais n'était pas loin de son homologue arménien actuel [Pachinian] en termes de diffusion de mensonges. De plus, selon son cabinet, blâmant Sarkissian, Aliyev semble se précipiter à l'aide de Pachinian. « Il [Aliyev], comme son actuel collègue arménien, n'ayant aucune connaissance de l'armée et de l'art militaire, fait des déclarations contradictoires et se met dans l'embarras. Il n'y a pas longtemps, il disait que sous Serge Sarkissian Karvachar et Lachine n'auraient pas été rendus à l’Azerbaïdjan, mais aujourd'hui il dit que j'ai demandé deux semaines pour le retrait des troupes. Cela ne pouvait se produire que dans les rêves d'Aliyev » a déclaré Sarkissian.
Résumé de l’interview du Ministre arménien des Affaires étrangères/ La presse rend compte de l’interview du Ministre arménien des Affaires étrangères accordée au media russe RIA Novosti. Selon Ayvazyan, Erevan trouve que seule la négociation permettra de trouver une solution qui tienne compte des droits de tous et qui apporte la paix et la stabilité au Caucase du Sud et la détermination du statut du Karabakh devrait être la base d'un tel règlement. D’après le Ministre, l'Arménie était et reste attachée à la reconnaissance du droit du peuple du Karabakh à l'autodétermination et à la sécurité. « Le Karabakh ne peut en aucun cas être sous la juridiction de l'Azerbaïdjan. La dernière agression a confirmé une fois de plus que le Karabakh au sein de l'Azerbaïdjan signifiera le Karabakh sans les Arméniens » a déclaré le Ministre. Quant au format du règlement, il a réitéré la position d’Erevan selon laquelle la coprésidence du groupe de Minsk de l'OSCE est le seul format doté d'un mandat international dans le cadre duquel une solution politique définitif au conflit devrait être trouvée. « Nous espérons vivement que les coprésidents seront à la hauteur de leur mandat et dirigeront efficacement le processus de paix ». Selon le Ministre, l'Arménie a rempli ses obligations en matière de transfert des prisonniers de guerre sur la base du principe « tous contre tous ». « En revanche, l'Azerbaïdjan crée des obstacles artificiels et injustifiables au retour immédiat des prisonniers de guerre arméniens et des civils détenus ». Selon Ayvazyan, la partie azerbaïdjanaise manipule la liste des captifs arméniens et refuse de reconnaître que des soldats et des civils arméniens sont retenus en captivité. « De plus, Bakou fabrique des dossiers criminels contre certains prisonniers de guerre sur la base d'accusations fictives ». Selon le Ministre, un tel comportement de l'Azerbaïdjan est non seulement contraire au droit humanitaire international, mais constitue également une violation directe de la déclaration tripartite, remettant ainsi en question la mise en œuvre de ses dispositions dans leur intégralité. Parlant de la Turquie, le Ministre a déclaré « Nous attendons de la communauté internationale qu'elle exerce une influence plus ciblée afin d'encourager la Turquie à reconsidérer son attitude ouvertement agressive à l'égard de l'Arménie et du peuple arménien ». A la question de savoir si l’implication active de la Turquie dans le processus de négociation était acceptable pour Erevan, le Ministre a déclaré que seules les parties au conflit et les coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE pouvaient être impliqués dans le processus de négociation. « La Turquie, qui soutient ouvertement les activités des terroristes du Moyen-Orient dans le Karabakh et utilise son personnel militaire et ses drones contre la population civile du Karabakh, a déjà montré non seulement le degré de son implication dans le conflit, mais aussi son éloignement total du processus de négociation ». Le Ministre a également souligné que tous les mercenaires étrangers envoyés par la Turquie et l'Azerbaïdjan dans la zone de conflit devraient être immédiatement et complètement retirés de la région. Parlant des relations arméno-russes, le Ministre a déclaré « La nature alliée des relations interétatiques russo-arméniennes prédétermine déjà un travail continu et incessant en termes de renforcement et d'adaptation aux réalités actuelles conditionnées à la fois par le temps et par les développements que nous avons au niveau régional et mondial ». Il a souligné le dialogue intensif mené au niveau des services diplomatiques arméniens et russes notant qu’il y a l'intention de l’intensifier.
33eme anniversaire des pogroms de la population arménienne de Soumgaït/ Le Ministère arménien des Affaires étrangères, le Président, l’Église arménienne, l’Ombudsman ont publié des déclarations séparées à l’occasion du 33eme anniversaire des pogroms de la population arménienne de Soumgaït les 27 et 29 février 1988. Les déclarations qualifient la récente guerre au Karabakh de continuation de ces pogroms. Les déclarations notent également que les dirigeants azerbaïdjanais poursuivent leur politique de nettoyage ethnique et de haine contre les Arméniens.
Erdogan sur la situation en Arménie/ La presse rend compte de la déclaration du Président turc « Nous sommes contre tous les coups d'État. Il est inacceptable que l'armée se mêle dans la politique. S'il est nécessaire de changer le gouvernement, laissez le peuple arménien le faire, ce travail devrait lui être laissé. Le peuple arménien est fatigué des dirigeants ».
L'UE demande la restitution de tous les prisonniers et des restes des personnes tuées dans le HautKarabakh/ La presse rend compte de la déclaration de l’UE demandant la restitution de tous les prisonniers et des restes des personnes tuées dans le Haut-Karabakh. L'UE a également noté la nécessité du retrait des militants de la région, appelant à une solution à long terme du conflit.
L’Ombudsman s’est dit préoccupé par les développements en Arménie/ L’Ombudsman arménien, Arman Tatoyan, a exposé en seize points sa position sur les événements dans le pays. Il s’est dit préoccupé par la perturbation des séances parlementaires initiées par les groupes parlementaires de l'opposition. Il a aussi condamné la représentation « La fusillade de Ceausescu, ou la mort aux traîtres » jouée sur l'avenue Baghramyan par le militant de l'opposition Narek Malyan. L’Ombudsman estime que toutes les institutions démocratiques, surtout en ces temps, doivent être actives. Selon lui, leur passivité et surtout leur inaction est inacceptable.
Le Ministre Dumanyan sur la décision d'Aronian de partir pour les États-Unis/ Le Grand maître, Levon Aronian, chef de l'équipe nationale d'échecs d'Arménie, trois fois champion olympique en tant que membre de l'équipe arménienne, a déclaré qu’il allait quitter l’Arménie et représenter désormais les États-Unis. Il a cité comme principale raison de sa décision le manque de soutien ciblé de la part de l'État. Le Ministre de l'éducation, des sciences, de la culture et des sports, Vahram Dumanyan, a déclaré qu'il ne voyait aucune faute de la part du gouvernement et de son Ministère dans la décision d’Aronian. Il a toutefois déclaré qu'il était très désolé d'apprendre la décision d'Aronian.
Rédaction : Lena Gyulkhasyan
https://am.ambafrance.org/-Fevrier-2021-
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