LE COLLECTIF VAN [VIGILANCE ARMÉNIENNE CONTRE LE NÉGATIONNISME] LUTTE CONTRE LA NÉGATION DE TOUS LES GÉNOCIDES ET PARTICULIÈREMENT CELUI VISANT LE GÉNOCIDE ARMÉNIEN DE 1915 PERPÉTRÉ PAR LE GOUVERNEMENT JEUNE-TURC DANS L'EMPIRE OTTOMAN. PLUS D'INFOS SUR FACEBOOK.COM/COLLECTIF.VAN ET LE FIL TWITTER @COLLECTIF_VAN - BP 20083 - 92133 ISSY-LES-MOULINEAUX.

lundi, novembre 02, 2020

Appel pour l'Artsakh

 


Info Collectif VAN - www.collectifvan.org – Dans une tribune au « Monde », initiée  par Stefan Kristensen, un collectif de plus de 40 intellectuels appelle la communauté internationale à reconnaître le droit à l’autodétermination des Arméniens face au « projet panturquiste » d’Ankara et de Bakou, afin de garantir la sécurité dans la région. Le Collectif VAN vous présente ci-dessous cet appel pour l'Artsakh paru dans le Monde le 27 octobre 2020.

Texte paru dans Le Monde daté du mardi 27 octobre 2020

Souhaitons-nous laisser exterminer les Arméniens du Karabagh ?

Depuis le 27 septembre 2020, l’Azerbaïdjan, à l’instigation et avec le soutien très actif de la Turquie, a lancé une offensive militaire de grande envergure contre la République du Haut Karabagh. Son objectif est énoncé clairement : récupérer par la force non seulement les territoires conquis par les Arméniens en 1993-94, mais encore tout le Haut Karabagh. Le pouvoir azéri et son parrain et associé turc n’a jamais fait de secret à ce propos.

Pour ce faire, l’Azerbaïdjan a engagé l’ensemble de ses moyens militaires, aidé, conseillé et armé par la Turquie. C’est le projet panturquiste qu’il s’agit de réaliser, et pour cela effectuer la jonction entre la Turquie et l’Azerbaïdjan implique d’écraser les Arméniens. Ainsi, les Arméniens font face aujourd’hui non seulement à une guerre d’agression, mais à une tentative d’élimination. Ce n’est pas du spectre lointain du génocide de 1915 qu’il est question, mais de son avatar actuel, le projet d’extermination des Arméniens du Karabagh. Cela se passe en plein jour, sous nos yeux. La seule grande différence avec 1915, c’est que le Haut Karabagh et l’Arménie ont deux armées efficaces et bien entraînées, qui sont pour le moment en mesure de résister à l’agression.

Mais est-ce vraiment raisonnable de laisser ainsi seul un peuple d’à peine trois millions de personnes, enclavé, sous le feu de deux puissances étrangères plusieurs fois plus puissantes qu’elle ? Est-ce vraiment raisonnable de laisser à quelques milliers de jeunes hommes la charge de stopper l’impérialisme fasciste turco-azéri ? Il est assez étonnant que les milieux pour l’égalité et les droits de l’homme, contre le racisme et le fascisme, se mobilisent si peu et si faiblement. Loin d’être un épisode d’un conflit planétaire entre musulmans et chrétiens, il s’agit de la réactivation du projet panturc inauguré avec les Jeunes Turcs, fondateurs de la Turquie moderne, en 1915 ; cette perspective est utilisée par Erdogan pour mobiliser son opinion publique et pour engager ses mercenaires.

Ce qui est en jeu aujourd’hui est de stopper l’impérialisme panturquiste, qui est un grave danger pour la paix et la sécurité internationales. L’idéologie panturquiste, qui s’était développée sous le règne du Sultan Abdul Hamid II, est à l’œuvre dans la politique d’Erdogan. C’est au nom de cette idéologie que les Arméniens ont été éliminés de l’Anatolie orientale, puisqu’il s’agissait dans cette vision d’opérer la jonction territoriale des Turcs d’Asie Mineure avec ceux d’Azerbaïdjan et au-delà l’Asie Centrale. Cette continuité idéologique est évidente notamment lorsque des responsables turcs ou azéris affirment que la guerre cessera lorsque les Arméniens auront abandonné le Karabagh.

Il est temps enfin de libérer notre regard sur les Arméniens de la gangue des alliances internationales : la Turquie membre de l’OTAN et à ce titre dans le camp occidental, l’Arménie membre de l’OTSC et à ce titre dans le camp russe. Ce schéma n’est plus valable. Ce dont il s’agit ici, c’est d’un pays qui construit sa démocratie et qui développe collectivement sa souveraineté sur ses terres, et qui est agressé par une alliance étroite de deux pays (selon la formule désormais fameuse : « une nation deux Etats ») qui nient son droit.

Les Arméniens sont un peuple libre qui construit son destin collectif et démocratique chaque jour. Ces exemples méritent mieux qu’un silence gêné ; ils méritent un soutien actif plutôt que de s’abriter derrière l’intégrité territoriale des Etats constitués. Si Aliyev et Erdogan gagnent leur pari, il sera trop tard pour pleurer.

Nous, signataires de ce appel, gageons que la prise de conscience se répandra, mais que nous devons l’accélérer. Combien d’églises détruites faudra-t-il encore, après le bombardement mercredi 7 octobre de la Cathédrale de Chouchi ? Combien d’hôpitaux bombardés ? Combien de bombes à sous-munitions sur les infrastructures civiles ? L’opinion publique en France et dans le reste de l’Europe poussera, nous en sommes convaincus, les gouvernements à reconnaître le droit à l’autodétermination des Arméniens du Haut Karabagh, parce qu’elle aura compris que c’est une nécessité pour la sécurité et la paix en Europe et au Moyen Orient.

Nous dénonçons les crimes de guerre commis par les forces azéro-turques, dénonçons l’usage de miliciens djihadistes contre les Arméniens et appelons les pays occidentaux, Israël, la Russie et les États-Unis à cesser toutes ventes d’armes à l’Azerbaïdjan ; nous exigeons l’arrêt de l’élan impérialiste de la Turquie néo-ottomane. Nous demandons enfin que les Etats qui composent la communauté internationale fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour faire valoir le droit des peuples à l’autodétermination, aussi pour les Arméniens du Karabagh.

[texte paru dans Le Monde daté du mardi 27 octobre 2020]

Stefan Kristensen, à Strasbourg, le 11 octobre 2020

 

Avec (dans l’ordre alphabétique)

Herman Akdag, professeur d'informatique

Emmanuel Alloa, philosophe

Janine Altounian, écrivaine

Marc Amfreville, professeur de littérature

Estelle Amy de la Bretèque, anthropologue

Anne Elisabeth Andreassian, économiste

Stefano Arrigoni, médecin anesthésiste

Philippe Artières, historien

Astrig Atamian, historienne

Serge Avedikian, comédien et réalisateur

Vartan Azatyan, historien de l'art

Matthieu Baghdoyan, avocat

Michel Balard, historien

Renaud Barbaras, philosophe

Jean-Marc Bardet, mathématicien

Anna Barseghian, artiste

Janig Begoc, historienne de l’art

Krikor Beledian, écrivain

Laurence Belis, enseignante

Ridha Ben Hamza, professeur de droit

Vanik Berberian, président de l'association des maires ruraux de France

Rudolf Bernet, philosophe

Julie Billaud, anthropologue

Etienne Bimbenet, philosophe

Pascale Blayau, psychanalyste

Marianne Blidon, géographe

Béatrice Bloch, professeure de littérature

Anne Boissière, philosophe

Pierre Bonin, historien du droit

Jacques Bouchoux, économiste

Suat Bozkus, journaliste

Roland Breeur, philosophe

Stéphane Breton, ethnologue et cinéaste

Marc Breviglieri, sociologue

André Burguière, historien

Pierre-Antoine Chardel, sociologue et philosophe

Ronan de Calan, philosophe

Inès Cazalas, enseignante-chercheuse en littérature comparée

Frédéric Chauvaud, historien

David Chilstein, professeur de droit pénal

Eugénie Clément, doctorante en anthropologie

Yves Cohen, historien

Olga Collaone, psychologue

Philippe Comte, maître de conférences en littérature russe

Catherine Coquio, professeure de littérature

Ashot Danielian, entrepreneur

Olivier Delorme, historien et romancier

Yves Dermenjian, mathématicien

Anjel Dikme, écrivaine

Anaid Donabedian, linguiste

Olivier Douville, professeur de littérature

Annabelle Dufourcq, philosophe

Annie Duprat, historienne

Suren Erkman, économiste

Georges Y. Federman, psychiatre

Lucile Florenza, anthropologue

Vincent Fontana, historien

Luca Gabbiani, historien

Bernard Gainot, historien

Alexandra Galitzine, anthropologue

Vigen Galstyan, historien de l'art

Sévane Garibian, professeure de droit

Katrin Gattinger, artiste

Zin Gecer, écrivaine

Hervé Georgelin, historien

Hélène Gestern, écrivaine

Mher Ghazaryan, architecte

Jean-Christophe Goddard, philosophe

Gilda Guégamian Hadjian, artiste

Sara Guindani, philosophe

Ozgur Gun, économiste

Paul Hagiarian, consultant

Hovsep Hayreni, écrivain

Esther Heboyan, écrivaine et maîtresse de conférence en littérature américaine

Sophie Hohmann, maîtresse de conférences à l'INALCO, Paris

Jean-François Houle, doctorant en philosophie

Alain Hovnanian, généticien

Philippe Huneman, philosophe

Didier Icart, ami des Arméniens

Paulin Ismard, historien

Chantal Jacquet, philosophe

Annabelle Jacquemin-Guillaume, communicatrice

Vartan Jaloyan, écrivain

Servanne Jollivet, philosophe

Emmanuelle Kalfon, littérature anglaise

Nazareth Karoyan, critique d'art et commissaire d'exposition

Artavazd Katchatrian, pianiste

Jacques Kébadian, cinéaste

Laurent Kechkeguian, technicien aéronautique

Razmig Keucheyan, sociologue

Raymond Kevorkian, historien

Thénie Khatchatourov, artiste

Henri Krikorian, consultant en affaires internationales

Josepha Laroche, politologue

Jean-Christophe Lagarde, député de la Seine-Saint-Denis

Michèle Lardy, maîtresse de conférences en littérature anglaise

Jérôme Lèbre, philosophe

Cécile Lefèvre, sociologue

Bernard Legras, professeur d'histoire grecque

Emeric Lendjel, économiste

Martine Letrémy, économiste

Patrick Letrémy, informaticien

Ueli Leuenberger, ancien député à l'Assemblée nationale suisse

Laurent Leylekian, analyste politique

Pierre Litzler, professeur de design

Roland Lombardi, historien et géopolitologue

Nazan Maksudyan, historienne

Aram Mardirossian, professeur d'histoire du droit

Chaké Matossian, philosophe

Roger Merian, psychanalyste

Aude Merlin, politologue

Judith Michalet, philosophe

Catherine Mills, économiste

Sevan Minassian, psychiatre

Cristobal Montesinos, architecte

Claude Moutafian, historien

Alain Navarra de Borgia, historien de l'art et sociologue

Christine Neau-Leduc, professeure de droit

Aurélie Névot, ethno-anthropologue

Marc Nichanian, philosophe

Alexis Nuselovici, professeur de littérature

Dogan Özgüden, journaliste

Ismail Cem Özkan, caricaturiste

Erol Özkoray, écrivain

Luca Pattaroni, sociologue

Daniel Payot, philosophe

Frosa Pejoska, professeure de langue, littérature et civilisation macédonienne

Olivier Pekmezian, auteur-réalisateur

Patricia Pekmezian, comédienne

Bruno Pequignot, sociologue

Philippe de Peretti, économiste

Adrienne Petit, maître de conférences en littérature française

Roland Pfefferkorn, sociologue

Jean-Philippe Pierron, philosophe

Daniel Portugais, PRAG-docteur en Lettres

Pierre-Charles Pradier, économiste

Valéry Pratt, philosophe

Pascal Quillier, professeur de littérature générale et comparée

Julien Ravier, député des Bouches du Rhône

Jean Robert Raviot, professeur en études russes et post-soviétiques

Philippe Riutort, professeur en classes préparatoires

Dalita Roger Hacyan, maître de conférences en littérature anglaise

Jacob Rogozinski, philosophe

Sylvie Rosenfeldt, avocate

Marlyne Sahakian, sociologue

Isabelle Santiago, députée du Val-de-Marne

Varoujan Sirapian, directeur de la revue Europe & Orient

Nicholas Sowels, maître de conférences en anglais économique

Martin de la Soudière, ethnologue

Laurent Soulard, correcteur et secrétaire de rédaction

Özcan Soysal, enseignant

Michel Surya, écrivain

Engin Sustam, sociologue

Güngör Şenkal, écrivain

Elisabeth Taieb, professeure d'anglais

Ulla Taipale, artiste et curatrice

Taline Ter Minassian, historienne

Sylvain Tesson, écrivain

Sylvain Thévoz, député au Grand Conseil genevois

Benjamin Thomas, théoricien du cinéma

Roland Tomb, professeure de médecine

Myriam Tsikounas, historienne

Inci Tugsavul, journaliste

Ira Tzourou, historienne de l'art islamique et journaliste

Marc Vartabédian, psychiatre

Elena Violeau-Olzoeva, professeur de russe

Nicolas Warembourg, professeur de droit

Karole Willems, cheffe d'entreprise

Lorrys Willems, consultant informatique

Levon Yagdjian, spécialiste IT

Tigrane Yegavian, journaliste et essayiste

Contact: <sk@appelpourlartsakh.org> (Stefan Kristensen)

https://www.appelpourlartsakh.org/?fbclid=IwAR2aaR0Yqt63K_fp1R_R01aPgS_rSiznru18Y6qMbDnx1_m0MB6FdImKfyM