Des journalistes étrangers empêchés d’entrer sur le territoire du Haut-Karabakh
Info Collectif VAN - collectifvan.blogspot.com – Le Collectif VAN vous invite à lire ce Communiqué de presse de Reporters sans frontières (RSF) publié le 9 avril 2021.
Communiqué de presse
Reporters sans frontières (RSF)
Azerbaïdjan - Arménie : les forces russes empêchent des journalistes étrangers d’entrer sur le territoire du Haut-Karabakh
Reporters sans frontières (RSF)
Communiqué de presse
9 avril 2021
Sécurisé par les soldats russes de maintien de la paix depuis la fin de la
guerre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie à l’automne dernier, le Haut-Karabakh
se ferme aux journalistes étrangers. Reporters sans frontières (RSF) appelle
les autorités russes à cesser cette obstruction et demande à l’ONU et au
Conseil de l’Europe de faire respecter le droit à la liberté d’information.
Si les armes se sont tues après un mois et demi de combats sanglants, à
l’automne 2020, le contrôle de l’information s’est renforcé dans le
Haut-Karabakh, territoire peuplé d’Arméniens situé en Azerbaïdjan. Depuis la
mi-février, au moins une dizaine de journalistes étrangers occidentaux se sont
vus refuser l’entrée de cette enclave par les forces russes de maintien de la
paix, qui contrôlent le passage du corridor de Latchine reliant l’Arménie à ce
territoire disputé.
C’est le cas du photographe français Christophe Petit-Tesson qui explique :
"En janvier, j’avais pourtant passé plusieurs jours sur place, les règles
ont changé depuis.” Journaliste pour le magazine Enquête Exclusive sur M6,
Vincent Prado, a vu sa demande d’entrée refusée plusieurs fois par la partie
russe, sans explication. Mêmes refus inexpliqués pour le Canadien Neil Hauer,
qui travaille notamment pour le Guardian et CNN, ou encore le Britannique Mark
Stratton, qui a décrit sa déconvenue au micro de la BBC. Le photographe Kiran
Ridley, lui, a reçu l’autorisation de passer mais a finalement été refoulé au
checkpoint russe, le 4 avril. Jonathan Walsh et Mohamed Farhat de France 24
font partie des seuls journalistes à avoir réussi à traverser le corridor de Latchine
début mars, non sans difficultés, grâce à un contact privilégié sur place.
“Un nombre croissant de journalistes étrangers se heurte à un refus
systématique des soldats russes, dénonce la responsable du bureau Europe de
l’est et Asie centrale de RSF, Jeanne Cavelier. Aucune raison objective ne
justifie cette obstruction : les reporters ne sont pas une menace pour la
sécurité de ce territoire qui est assurée par les troupes de maintien de la
paix. En revanche, sans la presse internationale, le Haut-Karabakh risque de
devenir un “trou noir” de l’information. RSF demande aux autorités russes de
permettre l’accès des journalistes, quelle que soit leur nationalité, et
appelle l’ONU et le Conseil de l’Europe à faire respecter le droit à la liberté
d'information, d'autant plus impérieux en situation de conflit ou de
post-conflit.”
L’accord de cessez-le-feu, signé le 9 novembre 2020 par les dirigeants de
l'Azerbaïdjan et de l'Arménie sous l’égide de la Russie, ne prévoit aucune
disposition spécifique pour l’entrée des journalistes sur le territoire. Le
consulat de la République non reconnue de l’Artsakh ou le ministère des
Affaires étrangères arménien fournissent une accréditation, mais ce sont les
forces russes de maintien de la paix qui accordent ou non la permission
d’entrée aux citoyens étrangers. Des décisions dont ils sont informés la veille
au soir. Les Arméniens et les Russes, eux, peuvent passer avec leur passeport.
L’accès au territoire du Haut-Karabakh est également restreint via
l’Azerbaïdjan, dirigé par le président autoritaire Ilham Aliev. Les chaînes
France 24 et Arte, entre autres, ont envoyé des équipes de télévision qui,
extrêmement contrôlées, n’ont pas pu réaliser librement leurs reportages.
Au moins sept journalistes ont été blessés durant la guerre du Haut-Karabakh,
du 27 septembre au 9 novembre 2020. Touchés lors d’un bombardement dans la
ville de Martouni, les journalistes d’Armenia TV, Avetis Haroutiounian et Aram
Grigorian, le reporter de l’agence de presse arménienne 24news.am Sevak Vardoumian,
ainsi que le frère d’un fixeur mort ce jour-là ont porté plainte contre
l’Azerbaïdjan devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de
Strasbourg, le 26 mars 2021.
L’Arménie, la Russie et l'Azerbaïdjan occupent respectivement la 61e, 149e et
168e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi
par RSF.
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